Les rites définissent les rôles et devoirs des hommes envers leurs semblables et donnent un sens à leur vie en même temps qu'ils leur permettent de trouver "une place" dans l'univers. S'interroger sur les rites, leurs fonctions et leurs significations, c'est se questionner sur le sens de la vie elle-même puisque ceux-ci, qu'ils soient sociaux ou religieux, rythment la vie humaine.
Par une approche anthropologique et philosophique, l'auteur, par son questionnement, en vient à analyser l'utilisation qui en faite dans la franc-maçonnerie, dont le rite constitue une des spécificités. Loin d'être une survivance "primitive", si souvent caricaturée par les tenants d'une Histoire linéaire, le rite et sa pratique permettent à l'individu de comprendre qu'une vie réussie ne peut qu'être une continuelle naissance, que la naissance n'est pas située à un commencement assigné une fois pour toutes et que chacun a perpétuellement à se faire autre pour s'affirmer dans son identité singulière, selon une suite de degrés qui visent à reprendre sans fin un approfondissement de soi.
La pratique du rite permet de comprendre trois principes : la valeur de l'existence est de se dépasser sans fin ; on ne peut se créer sans contribuer à créer autre chose que soi ; un être ne se crée jamais qu'en se transfigurant en permanence pour faire toujours mieux être celui qu' il est. Ces trois principes constituent le fondement d'un idéal : l'humanisme initiatique dont la franc-maçonnerie est porteuse et qu'elle perpétue. Par ses rites, la démarche culturelle de la franc-maçonnerie permet de faire vivre la Tradition comme une force de Vie à la fois identique et renouvelée, qui permet aux êtres humains d'être pleinement vivants, en phase avec leur environnement.